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ACTUALITÉS15/01/2010Editorial : VERBE ET VERITELa Politique, c’est le Verbe, trop souvent, son horizon est l’échéance électorale. L’Economie, c’est la Vérité, tôt ou tard, inévitable, elle se manifeste.«L’économie se venge toujours » dixit Raymond Barre, dernier Premier Ministre (en son temps, le meilleur économiste selon VGE) ayant présenté un Budget équilibré. En économie, « il n’y a pas de déjeuner gratuit » selon Warren Buffett, le pape américain du Private Equity. La cruauté de la sentence, la crudité de la formule soulignent que l’économie est sans pitié, un jour, il faut payer. A cet égard, le tableau est noir mais il n’est pas sans espoir ; le bateau ne coule pas, il vogue entre deux eaux. En effet, le pays ne jouit pas de l’expansion des « BRIC », le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine dont la croissance peut atteindre 10% par an mais, il ne vacille pas comme les « PIGS », le Portugal, l’Irlande, la Grèce, l’Espagne dont l’endettement tend vers 120% du PIB. A ce jour, la récession de la France (2,3%) est identique à celle des USA (2,4%) mais elle est moins accentuée qu’en Angleterre (4,5%) et qu’en Allemagne (4,5%). Plusieurs facteurs expliquent cette résistance face à la crise : -les pays ayant une très forte ou une très faible économie souterraine sont moins affectés par les fluctuations(étude de Sébastien Kubsch), la Grèce échappe au pire du fait d’une économie parallèle proche de 25% du PIB, l’Allemagne souffre d’une économie officieuse d’environ 15% du PIB(moyenne de l’UE) mais la France vertueuse affiche, discrètement, une économie occulte inférieure à 10%du PIB, qui l’eut cru ? -un prêt immobilier est accordé en fonction de la valeur du bien et/ou de la capacité de remboursement de l’emprunteur ; aux USA, jusqu’à présent, seul le prix de l’actif était déterminant, son effondrement est à l’origine de la gangrène du subprime (catastrophe annoncée dès 2005 par Nouriel Roubini, dit Dr. Doom), en France, la solvabilité de l’acquéreur est privilégiée, cette saine règle bancaire est salvatrice lors de turbulences. -en raison d’un secteur public élargi, de garanties sociales élevées, la France est pourvue de stabilisateurs, d’amortisseurs fort protecteurs qui atténuent les perturbations, les chocs extérieurs mais, attention, comme le pointe Dominique de Villepin, ce modèle « qui a retenu sa chute freinera aussi son rebond ». Une reprise sans emploi ! La sortie de crise se fera en deux temps, près de 5 ans (Alain Minc) pour retrouver le niveau économique antérieur, environ 25 ans (Michel Rocard) pour bâtir un système viable et durable. Quel que soit le rythme, le surendettement (1.500 milliards, 75% du PIB) et la sous-compétitivité (le salaire horaire s’élève à 32 E en France, à 28 E en Allemagne) exigent deux priorités : -réduction des déficits qui entravent la croissance selon Thierry Breton au terme d’une analyse couvrant 30 ans. -atténuation du coût du travail qui handicape l’exportation, qui favorise l’importation donc les délocalisations. Ce double objectif est à l’ordre du jour de la future « conférence nationale » sur les déficits ; plus tôt que prévu, une tranche supplémentaire d’IR taxée à 45% voire 50% pourrait apparaître, le taux de la TVA pourrait être augmenté de 2 points, un emprunt obligatoire pour les hauts revenus pourrait être envisagé… Les Français pressentent que le Pays est à la veille d’un nouvel ordre économique ; par précaution, ils thésaurisent, historiquement élevé, leur taux d’épargne (17%) est incomparable à celui des USA (7%). Une politique économique exige le Verbe, un Appel qui entraine un peuple mais pour que l’intendance suive, la pensée doit s’appuyer sur la Vérité recherchée par les économistes. Selon Paul Samuelson, la Seconde Guerre mondiale fût liée à l’incapacité des économistes à préconiser des solutions efficaces après la crise de 1929 ; de nos jours, le Pays est doté d’instances (INSEE, DARES, CAE, CES…) et d’économistes (Jean Paul Fitoussi, Jacques Attali, Esther Duflo, Mathilde Lemoine…) à la hauteur de l’enjeu. Selon Joseph Schumpeter, l’entrepreneur-innovateur est l’acteur fondamental de l’évolution économique, son rôle est toujours central, demain, la matrice sociale du Pays devra favoriser l’épanouissement de ses fleurons, ses 100.000 PME indépendantes de grands groupes aptes à exporter, à embaucher. Selon Francis Blanche, « un chameau est un cheval dessiné par une commission d’experts », peut être, néanmoins, hommage aux économistes qui ont certes deux bosses, celle des scientifiques, celle des artistes, et dans l’ensemble, leurs prévisions sont plus fiables que celles des politiques, des profanes, qu’ils nous éclairent, qu’ils nous orientent ! Pascal RIGAUD Président Fondateur Expert Comptable Commissaire aux Comptes [ Autre actualité ] |
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