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26/07/2016

EDITORIAL : Uber au pays des rentes et des droits acquis

A ce jour, globalement, la France compte 26 millions d’emplois soit : d’un côté 3 millions de travailleurs indépendants, de l’autre côté 4,5 millions de fonctionnaires et au milieu 18,5 millions de salariés du secteur privé dont 3 millions de précaires (CDD ou assimilés)
Depuis trop longtemps, la France souffre d’un sous-emploi (le taux d’emploi hexagonal s’élève à 64% contre 72 % au Royaume-Uni et 74% en Allemagne) et d’une précarité accentuée (en un tiers de siècle, le taux de précarité est passé de 5% à plus de 12%).
De surcroît, au cours des deux dernières années, l’innovation technologique et une approche disruptive ont bousculé l’économie traditionnelle et favorisé l’apparition puis l’extension d’une économie collaborative ou du partage dont les acteurs sont Airbnb, Blablacar, Frizbiz, … et , bien sûr, la figure de proue : Uber.
En effet, en déstabilisant une corporation réglementée à l’excès, dotée d’une licence onéreuse, jouissant d’un monopole ancestral, adepte du verbe haut et apte à la réaction musclée, Uber est devenu l’emblème de ce nouveau paradigme qui s’affranchit des règles historiques et qui met à mal le modèle traditionnel.
Ainsi Uber est à l’origine d’un néologisme mieux d’une antonomase, à savoir, l’ubérisation qui signifie la rupture avec le mode de travail passé et l’émergence, à la périphérie de la société salariale ou artisanale intégrée, d’opérateurs cassant les codes pour capter des parts de marchés jusqu’à présent à l’abri d’une concurrence exacerbée grâce à des barrières à l’entrée.
Portée par la mondialisation, l’urbanisation et la « smartphonisation », l’ubérisation de la société ne peut que prospérer et perturber non seulement l’ordre fiscal (Airbnb est accusé d’évasion fiscale) et social (l’Urssaf a engagé deux procédures contre Uber) mais aussi l’organisation du travail « méthode Taylor » (comme l’aurait dit Marx, « l’infrastructure commande la superstructure », les avancées technologiques, la révolution digitale ne peuvent qu’éroder voire balayer des rentes de situation et des droits acquis).
Ainsi, dans une société ubérisée, le salariat conventionnel actuel n’est pas appelé à disparaitre mais il ne peut que reculer en nombre (en 15 ans, en France, la part des non salariés non agricoles est passée de 5,6% à 7,8% de l’emploi ; en 10 ans, aux USA, le travail dit alternatif est passé de 11% à 16% de l’emploi) et changer dans sa forme (les Economistes auteurs de « Transitions démographiques et transitions économiques » considèrent que « l’équité dynamique passe par un contrat de travail unique pour tous, avec des droits progressifs »).
Bien sûr, la société ubérisée ne peut qu’affecter les professions libérales réglementées mais elles sont suffisamment armées à savoir formées en permanence dans l’exercice de leur métier et habituées à la pression, à la concurrence pour transformer en atouts les effets éventuellement négatifs d’une plate-forme numérique ou pour composer avec un barbare sans foi ni loi à l’assaut de leur pré-carré.
Toutefois, les Libéraux doivent être vigilants et s’informer quant aux « disrupteurs » qui se lancent sur leurs plates-bandes tels que Demanderjustice, Captain Contrat, Legalstart, Testamento, Avostart, Devisavocat, Divorcediscount, Doctolib, RDVMedicaux…
Aux USA, un intervenant, Wave Accounting, propose, déjà, la comptabilité gratuite aux TPE-PME se rémunérant en vendant les données de leurs clients, lesquelles sont évidemment protégées par la confidentialité propre à la déontologie française.
En réalité, toute automatisation de quelque tâche intellectuelle ne peut être qu’un outil au service des Libéraux qualifiés pour valoriser leurs missions de réflexion, de conception et d’imagination… le robot (simple machine pour les uns, être artificiel pour les autres) ne se substituera pas au cerveau libéral, éduqué, inspiré et éclairé.
Enfin, selon le Cabinet McKinsey, « une douzaine de technologies disruptives vont changer l’économie mondiale d’ici 2025 », aussi, écartant tout combat d’arrière-garde, la seule question qui vaille consiste à savoir dans quelle mesure la France saura s’adapter pour en bénéficier en facilitant l’intégration dans l’économie de 6 millions d’exclus.

Pascal RIGAUD
Président Fondateur
Expert Comptable
Commissaire aux Comptes

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