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15/04/2009

Editorial : A qui profite la crise ?

Question est à éviter ! Au lieu de s’égarer, il est préférable de se concentrer sur sa propre équation : comment se protéger, s’adapter, se projeter ?
Sauf pour les adeptes de la politique de l’autruche, la détérioration accélérée de l’économie n’est pas une surprise, seules son heure et son ampleur étaient méconnues, passé le choc, il faut appréhender la situation, cerner l’évolution.
En effet, la crise couvait :
- en vingt cinq ans, du fait du déficit budgétaire structurel (dorénavant 3,5 % du PIB), la dette publique a triplé pour dépasser 60 % du PIB, du fait de la conjoncture dépressive, le déficit pourrait approcher 10 % du PIB, la dette pourrait friser 100 % du PIB !
- en vingt ans, la part de la valeur ajoutée attribuée à la rémunération du travail est restée globalement égale à 65 % mais, d’une part, entre les entreprises, le partage de cette rémunération est moins équitable, plus on s’éloigne du donneur d’ordre (la Multinationale), plus on se rapproche du sous-traitant ( la PME) , moins le travail est rétribué ; d’autre part, au sein des grandes entreprises, des dirigeants se sont octroyés des émoluments plus proches d’ une captation délibérée (parachute doré, retraite chapeau) que d’une rémunération justifiée.
- en vingt ans, en raison du chômage massif, la rémunération nette s’est détériorée de cinq points au profit des cotisations sociales, en dix ans la fiscalité étatique est restée stable (17 % du PIB) mais la fiscalité locale s’est envolée (de 7 % à 11% du PIB) : la taxe d’habitation peut dépasser l’IR ! mais la para-fiscalité a explosé : 9 contribuables sur 10 payent plus de CSG que d’IR !
Bref, au-delà de la crise bancaire qui incombe à la communauté financière, le pays a trop tardé quant à l’assainissement des finances publiques et la réduction des inégalités sociales : en dix ans, la dette française s’est accrue de 5 points, celle de la Zone Euro a diminué de 7 points ; en dix ans, le revenu net des 90 % des Français les plus pauvres a stagné tandis que celui des 10 % les plus riches a augmenté de près de 9 %.
Certes, le monde d’après ne sera pas identique à l’ère d’avant, mais selon le chef économiste du FMI, au mieux, il faudra 3 à 5 ans pour retrouver un niveau d’activité comparable à celui des années passées. Au cours de cette période, pour contenir la dette publique et assurer la paix civile, il semble raisonnable de supposer : une réduction limitée de la dépense publique ; une augmentation sensible des contributions sociales et fiscales ; une légère déflation suivie, dès l’amorce d’une reprise, d’une inflation modérée car maitrisée (nuisible pour le prêteur, salvatrice pour l’emprunteur), un allongement de la durée du travail et, bien sûr une complexité maintenue voire accrue.
Pour traverser le gué, avec des honoraires bridés, supprimés ou impayés, plus que jamais, il parait opportun d’opter pour la culture du cash et de la simplicité, à savoir, préserver les entrées de trésorerie plutôt que de tenter d’accroître un patrimoine improductif (le flux de liquidités plutôt que l’avoir invendable), ne pas céder aux sirènes fiscalo-médiatiques en écartant les remèdes en apparence tentants mais incertains quant à leur dénouement (la certitude de la disponibilité immédiate plutôt que le mirage d’un gain futur éventuel).
Ainsi, pour survivre :
- quant à sa carrière, il faut savoir, dans l’urgence, revoir ses aspirations, infléchir sa trajectoire, accepter un emploi moins prometteur, moins rémunérateur ; dans la durée, envisager de travailler jusqu’à un âge plus que canonique en s’organisant en conséquence donc longtemps à l’avance
- quant à ses placements, il faut savoir se contenter de sécuriser et de faire fructifier sa trésorerie au faible taux du marché monétaire plutôt que de s’obérer en achetant au hasard, sous prétexte d’une carotte fiscale, un appartement dans une sous-préfecture à peine connue, avec des loyers hypothétiques, des échéances certaines, une gestion pesante, une valeur vénale parfois inférieure au capital emprunté ; plutôt que d’investir à la va-vite, pour minorer son ISF, dans une entreprise à peine ou mal analysée, forcément vulnérable, dont les parts sont bloquées pendant cinq ans puis cessibles à un prix inconnu voire nul en raison de l’étroitesse du marché.
Néanmoins, dans les circonstances actuelles, le Libéral peut déroger à la règle d’or de la trésorerie sacralisée si et seulement s’il s’agit d’investir avec discernement soit dans son outil de travail, soit dans son logement d’habitation. En effet, à ce jour, la négociation est en faveur de l’acheteur, les prix baissent encore, les taux sont au plus bas, aussi, profiter d’une fenêtre de tir, piocher dans sa réserve de précaution, pour mettre le pied à l’étrier ou pour accéder à la propriété est un risque qui mérite d’être encouru.

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