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15/11/2009

Editorial : ENDETTEZ-VOUS

Selon le FMI, la BCE…, la crise financière s’achève, la crise économique se poursuit et la crise sociale s’annonce. A ce jour, l’économie virtuelle ne guide plus le monde, l’éclatement de la bulle financière a forcé les banques à plus de vigilance, de transparence, de surveillance. Pour enrayer la chute de l’activité provoquée par le crédit raréfié (credit crunch), l’économie artificielle a dû prendre le relais, les Etats se sont endettés massivement, dépensant sans compter, pour soutenir l’investissement et la consommation. Enfin, seul le retour de l’économie réelle permettra un moindre recours aux amortisseurs sociaux, seules des entreprises créatrices de valeur ajoutée permettront de lutter contre la pauvreté et la précarité.
Ainsi, la sortie de crise est amorcée ; d’après un « consensus », elle épouserait la forme d’une racine carrée, à savoir, une reprise limitée suivie d’une ascension réduite composée de chutes et rebonds soit, une croissance faible et fragile.
Mais, quels que soient le rythme et l’ampleur de l’expansion chaotique retrouvée, le pays devra faire face à un déficit budgétaire abyssal (en 2009, environ 140 milliards d’Euros pour 280 milliards de dépenses) et à une montagne de dettes publiques (fin 2009, près de 1.500 milliards d’Euros). Pour mesurer ce déséquilibre financier, il faut se référer aux critères de Maastricht soit un déficit égal à 3 % du PIB contre 8 % pour la France, soit un endettement égal à 60 % du PIB contre 80 % pour la France. Certes, le déficit de l’Angleterre frise 13 % du PIB et l’endettement du Japon tend vers 200 % du PIB mais à chaque pays son épreuve et la France devra donc, à terme, résorber sa dette laquelle lui permet, aujourd’hui, de sauver des emplois et de préserver le pouvoir d’achat mais laquelle sera, demain, une restriction de sa croissance potentielle.
Réduire la dette publique qui obère le développement futur est un objectif vital bien sûr hors d’atteinte séance tenante.
Seule une croissance supérieure aux gains de productivité (au moins 3 % par an pendant longtemps) permet de créer de vrais emplois et d’engranger des recettes fiscales à ce jour effondrées (chute de l’IS de 90 %, baisse de la TVA de 15 %). Mais, l’atonie de l’économie est si aiguë (en 2009, 400.000 emplois seraient supprimés, 70.000 PME seraient au bord du dépôt de bilan) qu’une embellie subite est inenvisageable; au mieux, à moyen terme, une croissance de croisière égale à 3 % adviendra.
La contraction des dépenses publiques est, bien sûr, à l’ordre du jour mais, en la matière, la stagnation semble plus probable que la réduction ; l’austérité vertueuse proclamée conduira à la disparition de quelques gaspillages, à la suppression de quelques postes mais des coupes drastiques sont inimaginables, ne serait-il pas inconvenant d’évoquer l’Irlande qui diminue la rémunération de ses fonctionnaires ?
La hausse des prélèvements, quoique déjà élevés, est inéluctable mais le quantum, le timing, le processus…sont autant de questions à traiter. Dans l’immédiat, l’IS et la TVA ne sont pas en première ligne ; après avoir réformé la Taxe Professionnelle (ex-patente) devenue « Cotisation Economique Territoriale » et lancé la Taxe Carbonne dénommée « Contribution Climat Energie », il faut s’attendre à ce que l’IR soit accru pour les hauts revenus (au-delà de trois fois le SMIC), à ce qu’une nouvelle tranche d’imposition à 45 % soit créée, à ce que les niches sociales et fiscales (70 milliards d’Euros) soient remises en question, à ce que la CSG soit étendue à toutes les Plus-Values (mobilières et immobilières) et à l’Assurance-Vie.
D’après moult Economistes, la croissance revigorée, les dépenses publiques contractées et les recettes fiscales augmentées ne suffiront pas pour soulager le fardeau de la dette ; selon eux, le niveau de la dette est si élevé que seule une dose d’inflation permettrait de l’abaisser sensiblement : un taux d’inflation de 4 % pendant 10 ans ferait refluer la dette publique de 20 points la rendant ainsi conforme aux critères de Maastricht. Aux USA et en Angleterre, la planche à billets fonctionne déjà ; en France, l’économie devrait rester sous perfusion donc surendettée jusqu’en 2012, au-delà de cette échéance, en dépit des réticences au sein de l’Union Européenne, le réveil de l’inflation pourrait sonner.
Sachant que l’inflation profite aux débiteurs qui remboursent en monnaie de singe, que le coût du crédit est proche du plancher, que le prix de l’immobilier s’achemine vers son point bas, n’est-il pas grand temps d’emprunter pour acheter un local destiné à sa profession ou à son habitation ?
Ayez en mémoire la sentence de François Guizot, Ministre fort libéral sous Louis-Philippe : « Enrichissez-Vous ! ». Malgré ou grâce au krach, « Endettez-Vous ! », bénéficiez de l’effet de levier, capitalisez du fait de l’inflation : elle n’a pas dit son dernier mot, elle attend son heure.

Pascal RIGAUD
Président Fondateur
Expert Comptable
Commissaire aux Comptes

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